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Voeux du Président de l’ADAPEI
Publié le mercredi 17 janvier 2018 à 15:09
« Nous sommes des gestionnaires militants »
A l’occasion des traditionnelles cérémonie des voeux qui se sont déroulées les 9 et 11 janvier derniers à Thierville et à Vassincourt, le Président de l’ADAPEI Frédéric Coste a prononcé un discours retraçant le bilan 2017 et fixant un cap pour cette nouvelle année. Extraits.
Le handicap ne se guérit pas ! Ceux qui naissent avec ont les mêmes droits que les autres. Education, santé, travail, libre choix… et ces droits ne peuvent pas leur être refusés.
Ceux qui, aujourd’hui, n’ont pas d’accompagnement adapté, sont souvent forcés de s’exiler en Belgique, car ils ne peuvent plus désespérément attendre.
Alors qu’il est affirmé par nos gouvernants nationaux et départementaux qu’il n’y aurait plus de départs de personnes en situation de handicap vers la Belgique, mardi dernier, une jeune Meusienne était expédiée en Belgique…
Sommes-nous sûr de lui avoir offert la meilleure solution, en l’éloignant de sa famille et de ses proches, d’avoir mis fin à une prise en charge dont on percevait déjà le bénéfice pour elle ? Avons-nous fait preuve d’humanisme en privilégiant la place au parcours ?
Une année se termine ; 2017 a vu de nombreux bouleversements de notre environnement ; des élections ; un nouveau président, des nouveaux députés, sénateurs… Une nouvelle politique annoncée volontaire en matière de handicap ; « le handicap est une priorité du quinquennat » affirmation du Président Macron.
Une nouvelle année démarre. Comme chaque année, notre rendez-vous du mois de janvier me permet de pouvoir vous faire part de nos principales réalisations de l’année qui s’est écoulée, et vous annoncer nos projets et chantiers à venir, et aussi de remettre les médailles du travail, que certains attendent avec impatience.
Si vous me le permettez, je vais d’abord évoquer cette cérémonie de remise des médailles du travail, car elle revêt pour moi une interrogation importante.
Chaque année, nous remettons la médaille du travail à l’ensemble de nos collaborateurs, les personnels accompagnants mais aussi à nos ouvriers d’établissements et services d’aide par le travail. Nous leur reconnaissons à chacun la qualité, le sérieux et l’engagement dans leur travail.
Cependant, pour nos collègues d’ESAT, nous nous ne leur reconnaissons pas encore un statut de salarié. Notre système de protection construit sur la base du salariat et de la cotisation ne leur n’est toujours pas accessible. Pour nous, ils sont des exclus de la société, alors qu’ils connaissent les mêmes obligations qu’un salarié : subordination, vente de sa capacité de production.
En exprimant cette idée, j’ai une pensée pour René Lenoir, qui nous a quittés en cette fin d’année 2017, et qui est à l’origine de la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées en 1975. Je pense qu’il est de notre devoir en tant qu’association de continuer à œuvrer pour l’accès à la citoyenneté des personnes en situation de handicap.
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Frédéric COSTE, Président de l’ADAPEI
C’est ce que nous avons tenté de faire en 2017, en ouvrant une nouvelle structure. En effet, le 1er mars 2017, 11 places en foyer d’accueil médicalisé ont été ouvertes sur le site de Vassincourt, dans le cadre de la restructuration d’une structure expérimentale depuis plus de 40 ans et d’un appel à projet départemental. Cet investissement de plus de deux millions cinq cent mille euros, nous permet d’offrir une structure d’accueil et d’accompagnement adaptée, avec une prestation hôtelière respectueuse de chacun.
Cet investissement a été mené conjointement avec la modernisation d’une première tranche de l’internat de l’IME de Vassincourt. Je remercie les services de la Délégation Territoriale en Meuse de l’Agence Régionale de Santé Grand Est, de nous avoir fait confiance et de leur accompagnement, sur ces dossiers pour bénéficier d’un financement de la CNSA, Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie. Je me permets de remercier plus particulièrement Régis Mésot, Ingénieur à l’ARS Grand Est pour sa pédagogie et sa compétence.
Je ne serai pas complet sur le site de Vassincourt sans évoquer, l’ouverture à venir d’un foyer d’accueil spécialisé. Cet établissement devrait accueillir 13 personnes en situation de handicap, et notre investissement représente un million deux cents mille Euros.
Cette structure viendra compléter notre offre en matière d’habitat sur le département. Forts de notre agrément en intermédiation locative, nous déployons notre offre de parcours locatif. Nous sommes convaincus que chacun a le droit de prétendre à un parcours locatif, et nos services construisent actuellement une offre en logement adapté aux besoins des personnes accompagnées ou non par notre association. Je remercie le soutien dans cette démarche de monsieur DEVLAQUE Directeur de La Cohésion Sociale et ses services et de l’AMIE et de son directeur Jean Risk.
Ainsi, nous devrions ouvrir des logements en maisons relais sur Verdun, nous avons proposé des logements communautaires sur Bar le Duc, nous étudions une offre en pension de famille sur Bar le Duc. En restant au plus près des besoins, nous tentons d’apporter des réponses singulières.
Pour cette année 2017, nous avons également enregistré la création de deux nouveaux postes d’enseignants, un à l’IME de Vassincourt et un autre sur le site de Thierville sur Meuse. Ceci nous a permis de pouvoir ouvrir une classe externalisée à Revigny sur Ornain, et nous allons ouvrir très prochainement une seconde unité externalisée sur Verdun.
Ce travail entrepris avec notre nouvelle directrice du Pôle enfance Mme Muriel Michaut et son équipe, s’est fait en étroite collaboration avec l’Education nationale et plus particulièrement M. Hayot Inspecteur ASH qui a su reprendre le flambeau de M. Mille. L’offre s’est renforcée grâce à notre unité d’enseignement maternelle autiste à Bar le Duc. Cette structure nous a permis une collaboration efficace. Si à ce jour cette unité fonctionne à plein temps, c’est grâce à ce travail en confiance et efficience. Ce travail devrait certainement nous permettre de créer très prochainement une unité spécialisée pour des enfants en classe primaire et atteints d’autisme, en collaboration avec l’EPDAMS.
Au niveau de nos établissements et services d’aide par le travail, l’année 2017 sera l’année de tous les records pour la partie commerciale.
Des nouveaux marchés, des marchés confirmés mais surtout la montée en compétence de nos ouvriers nous ont permis d’obtenir ces résultats.
La montée en compétence est à ce jour confirmée par l’accès au CAP d’agent polyvalent de restauration de deux collaborateurs. Je tiens à féliciter devant vous MM. Alexandre et Morin pour leurs réussites à cet examen. Si M. Alexandre est encore parmi nous à l’ESAT de Bar le Duc, M. Morin exerce pour sa part dans le centre de la France en milieu ordinaire.
Sur la partie ESAT agricole, nous avons travaillé à la modernisation des outils de production et plus particulièrement sur la partie immobilière. Des études ont été menées sur les deux sites de Vassincourt et Mont Villers, et devraient déboucher pour les deux prochaines années à une réalisation.
Notre association est une association gestionnaire mais elle est aussi un mouvement parental. Dans ce cadre, nous développons également des actions. Nous avons engagé lors de l’Assemblée Générale extraordinaire, une modification des statuts qui nous a permis d’intégrer au sein de notre conseil d’administration un représentant de l’Association Nous Aussi, association qui promeut l’autoreprésentation. Depuis le mois de mai, M. Thibault Rath, délégué local de Nous Aussi en Meuse, siège au sein de notre Conseil.
Je profite de l’évocation du conseil d’administration pour remercier mes collègues du Conseil, qui participent de manière active à la vie de notre association et à la gestion des établissements et services. Notre vie associative c’est 10 bureaux, 10 Conseils d’Administration, 9 commissions, un séminaire annuel, un administrateur délégué par établissement et service, mais aussi des inaugurations, des réunions régionales, nationales et bien entendu, notre opération Brioches. Je vous remercie de votre participation, de votre présence et de votre implication.
2017, c’est aussi la dernière année de notre Projet Associatif Global, et aussi l’année de l’élaboration de notre prochain projet Associatif. Nous l’avons voulu concret, pragmatique et porteur de nos valeurs. Je vous invite à venir le découvrir lors de notre prochaine assemblée générale le 28 avril 2018.
Je ne pourrais être complet sur notre action associative sans évoquer deux projets développés par notre association en 2017.
Mobi’Meuse, c’est une ambition, celle de développer l’accès à la mobilité pour les personnes en situation de handicap intellectuel ou psychique sur le département. La mobilité au sein d’un département rural à faible densité de population, c’est un véritable enjeu d’accès à la citoyenneté. Nous avons développé un outil qui aborde toutes les formes possibles de mobilité : piétonne, cycliste, cyclomotoriste, voiture sans permis et permis de conduire. Une auto-école à pédagogie adaptée permet de faciliter l’accès au permis de conduire ; ouverte depuis le 1er juin 2017 à Vassincourt, puis s’étendra à Thierville Meuse, Bar le Duc et Commercy.
Notre conseil d’Administration avait validé un plan d’action concernant le vieillissement de la personne en situation de handicap. La mise en place de la Conférence des financeurs nous a permis de solliciter un financement pour construire la coordination et le parcours des personnes en situation de handicap vieillissantes, en ESAT ou accueillies chez des aidants vieillissants. Un plan d’action a été validé par le conseil d’administration en décembre 2017 et va être décliné pour 2018.
Le quartier Niel va constituer notre liaison entre 2017 et 2018. En effet, les travaux de démolition ont démarré en 2017. Je remercie Claude ANTION Maire de Thierville et 1er Vice-Président de la Communauté d’Agglomération du Grand Verdun, Samuel Hazard Maire de Verdun et Président de la communauté d’Agglomération du Grand Verdun, de leur engagement et de leur volonté pour faire aboutir ce projet. Ils ont su faire partager leurs convictions autour de ce projet ambitieux pour les personnes en situation de handicap, pour le territoire et pour le département.
Je ne serais pas complet si je ne citais pas également Claude Léonard Président du Conseil Départemental, Jean Marie Missler 1er vice-Président du Conseil Départemental et Véronique Philippe Vice-Présidente à l’Autonomie au Conseil Départemental. Avec nous, ils optimisent une réponse aux besoins de qualité sur le département, s’engagent dans la recherche des moyens et accompagnent la transformation d’un secteur par le schéma départemental à l’autonomie.
Notre projet Niel est devenu un projet départemental et territorial par leurs engagements et par leurs volontés politiques. Il est un message concret de la citoyenneté de la personne en situation de handicap, car il transforme un projet ciblé en un projet de développement majeur pour le territoire et pour le département.
Forts de cette marque, nous nous engageons dès la livraison des plates formes avec les réseaux à démarrer les travaux pour un chantier qui va durer 24 mois et un investissement pour plus de 18 millions d’euros.
Le suivi du chantier, le respect des budgets et l’appel des financements feront partie de nos activités importantes pour 2018.
Nous agirons également avec les services du conseil Départemental et l’Agence Régionale de Santé et de sa délégation territoriale en Meuse autour du Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens. Vous pouvez compter sur notre volonté et notre sérieux dans ce projet. Notre association a toujours été responsable en matière de gestion et d’usage des prestations publiques versées.
Nous sommes des gestionnaires militants car une gestion saine est un gage de pérennité d’actions, et aussi d’un service et d’une prestation au juste prix. J’émets le vœu pour 2018 que les services prennent en compte ces valeurs et qu’elles se comportent en autorités de tarification et de régulation, et non plus en autorités de tutelle.
Pour accompagner ce CPOM, nous réactualiserons notre projet Pluriannuel d’investissement. Nous finaliserons à la fois les investissements mobiliers, d’équipement, y compris informatiques, en intégrant les entretiens incombant au locataire.
En relation avec le CIAS de Meuse Grand Sud, nous continuerons à travailler à l’intégration d’un foyer d’accueil médicalisé au sein du futur Etablissement hébergeant des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD). Nous sommes convaincus que se joue également l’accès au droit commun de la personne en situation de handicap, tout en bénéficiant d’un accompagnement spécialisé. Nous avons entendu que nous devons faire bouger quelques lignes, mais je sais que je peux compter sur la volonté de tous à offrir le mieux être possible.
Ce dernier point, j’ai pu le constater pour une expérimentation que nous proposerons en 2018 pour l’accueil d’enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance en situation de handicap.
En effet, j’ai pu voir l’implication de Mme Contignon de la DT ARS 55, et l’engagement de Mme Philippe Vice-Présidente à l’Autonomie pour éviter un nouveau départ en Belgique d’une jeune fille autiste confiée à l’Aide Sociale à l’Enfance du Département. Mesdames, j’ai pu constater votre attachement au bien être d’une personne fragile affrontant des logiques administratives, dont les finalités m’échappent, et je vous remercie pour votre humanisme.
Nous souhaitons en 2018 offrir des réponses aux besoins de ces enfants par une structure d’accueil sur 365 jours garantissant ainsi une fluidité dans le parcours et une cohérence dans l’accompagnement.
Je tiens à rappeler que notre logique d’action n’est pas de développer des places mais de garantir des parcours et adapter des réponses singulières pour chacun. C’est dans cet état d’esprit que je souhaite qu’une réflexion départementale soit initiée afin d’offrir des réponses aux personnes en situation de handicap accueillies actuellement en Belgique.
Avant de définir l’offre à développer, approchons-nous des besoins des personnes actuellement accompagnées. Je demande une analyse de ces besoins en lien avec les associations et les services des autorités de tarification, construite sur l’écoute des personnes et /ou de leur famille.
L’enjeu, vous l’entendez bien, n’est pas de se redistribuer des places qui existent de l’autre côté de la frontière, mais de recueillir le besoin pour construire une offre adaptée.
Nous continuerons ainsi la déclinaison de notre offre habitat, car l’accueil en établissement ou en service ne doit plus constituer une opportunité mais bien s’inscrire dans une étape. Mon propos s’adresse à tous les types de situations de handicaps, y compris les plus lourds. Notre intention politique est de développer un parcours tout au long de sa vie, et faire en sorte qu’un accueil en établissement ou service, soit la dernière étape.
Pour y réussir, j’ai conscience qu’il nous faille aussi recueillir le besoin des personnes et de leurs familles. J’engagerai une réflexion associative sur le principe d’auto-détermination, et dans le but de le voir se décliner dans les projets d’établissements et de services.
Au niveau politique, nous attendons les réponses du schéma départemental de l’autonomie :
· en matière d’accueil pour les adultes atteintes d’un spectre autistique,
· de l’insertion professionnelle où nous avons le niveau de chômage le plus élevé pour les personnes en situation de handicap, plus de 10% en Meuse autour de 8% en région et au niveau national,
· sur l’accès aux soins ou au logement,
· sur la scolarisation,
· sur la notion de parcours.
Au niveau régional nous sommes sensibles aux discours de M. Lannelongue qui promeut l’idée d’une politique régionale de santé déclinée au niveau territorial par les services de monsieur Cablan Délégué territorial de l’ARS Grand Est.
Au niveau national, les engagements gouvernementaux affirmés en matière de handicap doivent être maintenant déclinés, autour du 4ième plan autisme, autour de la scolarisation, sur l’accueil en Belgique, pour la réponse accompagnée pour tous.
Nous percevons une modification importante de l’accompagnement de la personne en situation de handicap qui se dessine vers un accès à la citoyenneté, sur une adaptation et une optimisation des moyens, une volonté de réponse adaptée à la singularité de chacun et une orientation territoriale.
Je m’en réjouis et nous nous en réjouissons, mais attention aux stratégies de blocage au changement, à la défense de pré carré, à la sauvegarde de légitimité ou je ne sais encore.
Je sais que je peux compter sur les équipes de professionnels compétents, accompagnées par une équipe de cadres engagés dans un mouvement favorable à faciliter le vivre ensemble, et que je peux me permettre de faire un rêve :
Pas celui de Martin Luther King mais du philosophe Patrick Viveret.
Pour 2018 je fais un rêve, R E V
R comme résistance créatrice
E comme expérimentation anticipatrice
V comme vision transformatrice
Ce rêve ne pourra être que partagé qu’avec vous, personnes en situation de handicap, parents, amis, élus, partenaires associatifs et institutionnels, et professionnels de notre association.
C’est pourquoi, je vous souhaite, au nom de l’ensemble des membres du conseil d’administration, une heureuse année 2018, santé pour vous vos familles et vos proches, que 2018 soit une année de bonheur et de joie.